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 Journal 

(extraits)

Tentative d'évitement, ou la mélodie de mésententes.

Déjà des corps sont tombés. Chevilles foulées, sommeil gagnant, temps incertain, marathon des corps, démunis désespérés accrochés soutenus l'un contre l'autre, déprimés, en crise, ils tentent de survivre dans la danse. Ne pas craquer. Subsister. 
A la fin des années 20, aux Etats-Unis, les corps se serrent, c'est la Grande Dépression, avant le krach, le peuple a faim. L'on invente le Marathon de danse. Une compétition durant laquelle des couples s'affrontent en dansant le plus longtemps possible. Le couple vainqueur gagne. Une centaine de dollars. Les autres concurrents se verront servi une soupe chaude. Subsister.

Subsister encore, dans une tentative d'évitement, sur une mélodie de mésententes. 

Ainsi ce hasard qui poursuit, leitmotiv de nos rencontres, séjourne, en fantôme dans nos esprits, furtif impalpable surgissant. La rengaine en corps fébrile, danse, sur la mélodie de nos attentes. 

Économie de spectacle pour une pensée policée,
ou l'injonction au rêve.

Un "sommetier" serait celui dont le travail consisterait à bâtir des monts à gravir. Une activité non lucrative à priori, au même titre que de déplacer des montagnes et autres entreprises lunaires. Corps de métiers encore inexistants, source potentielle de créations d'emplois non négligeable aujourd'hui, ces Maîtres d'œuvres bâtiraient des métaphores sur mesure, et, à la mesure de nos rêves, matérialiseraient le manifeste pour une culture du mince.
Malheureusement, comme chacun sait, il n'y a pas de "sommetier". 

Plus je vieilli plus je prends de la distance sur le monde, par astigmatie matérielle, et plus je me rapproche des gens par myopie affective.

Préambule

L'errance advient. Et l'avant, que l'on s'en souvienne ou pas, n'y prépare en rien, ni ne l'explique.
Le préambule, signifiant de l'antérieur, emprunte à la trace et au souvenir un autre possible aux parfums fantasmés de la survivance, pour qui en douterait légitimement. La fatalité appartient aux vivants, elle est sa fouille, son terrain.

_1. Ainsi soit il, l'invariable connu.
Unité de la multitude, il, est le lieu de vie du groupe qui l'habite, et ce groupe même, âme résidant du lieu dit. Habité habitant, habitant habité. Il, dialectise les oppositions du même. Il, se double. Il, est schizophrène onaniste hermaphrodite anthropophage autochtone. Il, s'autosuffit, s'autoflagelle, s'autoconsomme, s'autoconsume, s'autocratise. Parfois petit, parfois grand, il, peut aussi se faire peu ou beaucoup, et se dire beau. Il, fait partie de lui (même), avec une belle et haute estime. Il, porte le vivant au point de s'y confondre, loin des pouvoirs caméléon, parce que il, se fourvoie dans son propre état d'êtres. Infectieux, multiple, hybride, grouille, parasite, il, s'ouvre et se referme sur lui-même, cligne et vacille. 

_2. Elle, la variable inconnue, noctiflore, s'offrant la nuit... (?)

PS : 
S'il peut y avoir un après l'écrit, l'errance, elle, en est toujours dépourvue. 

Consternation. Ou comment l'autruche fait-elle pour respirer sous le sable ?

La voiture, break, type Peugeot, blanche, s'arrête sur le bord de la rue des Pyrénées, Paris, 20ème, vendredi 13 juin 2014, 20h15. Quatre hommes, t-shirt et jeans, peau blanche, l'un avec des dreadlocks, moyenne d'âge 35 ans, en sortent et courent ensemble dans la même direction. Je ne fais pas attention. Je vois c'est tout. La scène suivante laisse imaginer à quel point ces personnes peuvent être bien organisées. Quelques pas plus tard je les revois, ils sont cinq maintenant, à fouiller rapidement dans une grosse poubelle que venait de sortir un employé du magasin Franprix. Le cinquième homme, de bonne tenue (qu'est ce que ça peut bien vouloir dire ?), la cinquantaine, polo violet et jeans, peau blanche (qu'est ce que ça peut bien faire ?), de petite taille, sac à dos, se trouvait déjà sur les lieux semble-t-il. Il sort de la poubelle une barquette sous vide contenant sûrement de la viande et la glisse dans son sac. Les quatre autres possèdent une gestuelle frénétiques, ils semblent vouloir rentabiliser leur tournée. L'un sors deux ou trois poireaux, un autre tire par inadvertance (je pense) le sac du cinquième homme qui le ramène rapidement à lui, les autres je ne sais pas, je ne sais plus, je ne veux pas savoir, trop affecté par cette image sauvage où ces hommes _ non pas une horde car encore trop bien disciplinés fort heureusement (mais qu'est ce qui peut bien être heureux à ce stade ?), non pas des bêtes ni des charognards, mais des survivants _ laissent derrière eux et en moi un étrange et douloureux présage.

Je n'ai pas eu l'obscénité de filmer, simplement celle de croire en ma capacité à tout oublier, à ne pas faire attention, à voir, c'est tout. 

Poncif du somnambule

Toutes ces femmes qui rêvent à un homme riche, et tous ces hommes qui rêvent de l'être, ça en fait des rêves à partager. 

Moir

[MWAR] 
Verbe (3ème gr. )
Je mois
Tu mois
Il (elle) moit
Nous moyons
Vous moyez
Ils (elles) moient

Participe Présent : moyant / Participe Passé : mu, mus, mue, mues

Exemples :
Quelle que fut sa conduite, tout le monde moyait ses faits et gestes comme un seul homme. 
"Le lecteur commence sa lecture en moyant le héros du roman" (Sartre).
Je mois dans vos pensées. 
Moyez-vous les uns et les autres.

Vacance

Visiter le rucher du col fleuri, 
et se délecter d'un butin secret. 

Au verger,
s'enivrer sur la verte olivaie,
d'une coulée d'huile d'étreintes à chaud. 

En Loire,
d'un pont, d'une chute du Rhins,
ou du bout de l'Evre se répandre
en lacets.

Filets, entrelacs et vapeurs, renouer en flux et volutes avec le cycle

Les vaches gardiens des sévices civiques

_Extérieur jour, été 2014, fin d'après midi, 24 degré, soleil, Vitry sur Seine, banlieue sud de Paris, France. Marche sur le trottoir, le pas pressé, un RER à prendre, un rendez-vous à ne pas manquer. Une voiture s'arrête sur le trottoir devant moi, la portière s'ouvre à ma hauteur, un homme en sort, jeans et T-shirt blanc moulant sur un torse galbé. 
Il me dit bonjour. 
Je réponds à l'identique, et force un peu mon passage en rasant le mur, dans une étroitesse surement semblable aux motifs de ses attentes. De l'argent, un service, une cigarette, ou peut être a-t-il simplement envie de s'amuser un peu ? Ce dont il à l'air, avec son petit sourire en coin. Je ne cherche pas à savoir. Je trace. Il essaie de me retenir avec un "monsieur" bien placé juste avant "police". Ça fonctionne. 

Je demande à voir sa carte. Il me montre son flingue et tire à bout portant un "ça n'est pas pour plaisanter ça". Son air jovial et blagueur résulte sûrement de cette assise que peut procurer le leste d'un tel engin en-dessous de la ceinture. 

Gang Bang. Maintenant cerné par deux autres modèles issus du même gabarit dirait-on, tant physiquement qu'intellectuellement, plaqué contre le mur, je lève les bras par réflexe ironique. "Baissez les bras monsieur". Je dois me satisfaire de "correspondre au signalement" comme réponses à mes interrogations. 
"Rien d'illicite ou de dangereux ?"
Je dégaine à mon tour. Paquet de Lucky en main je tire sur le premier un "ce n'est pas encore interdit il me semble", et sur le deuxième je lance en rafale "je ne serais pas en mesure de vous faire grand mal, quand bien même cela tue". Strike !

Le quizz se poursuit avec le troisième. Il s'agit maintenant de savoir si je suis "connu des services de police". 
Je flaire le piège, soleil dans les yeux, jambes écartées, les bras le long du corps, goute de sueur sur le front, la paupière vacille, je reste vigilant. "Nous faisons justement connaissance depuis 5 minutes, avant lesquelles j'étais loin d'imaginer que ce fut possible". 
Bonne réponse.
Il semblerait que le bonheur de cette rencontre soit partagé, car aussitôt après avoir vidé mes poches le premier s'empresse de me peloter. 
Le deuxième face à moi me fixe amoureusement dans les yeux. 
Le troisième examine mes effets. 

Considération univoque,
ou la faveur de l'imposture

Je, m'accorde à le dire :
nous, conjugaisons à l'irrégulier. 

(De la schizophrénie considérée comme un plat qui se mange froid.)

Jamaire

Verbe (3ème gr.)
Je jamais
Tu jamais
Il (elle) jamait
Nous jamaisons
Vous jamaisez
Ils (elles) jamaisent

Exemples :
"Rien n'est aussi fatiguant que de jamaire une tâche inachevée" William James
"Le malheur jamait la solitude" François Rabelais
Pendant ce temps ils ne jamaisaient rien de leur vie. 
« Jamaisez. Jamaisez. Jamaisez grand, jamaisez en tout, si ce n'est pour l'honneur et le bon sens. Jamaisez à la force. Jamaisez à l'apparente puissance de l'ennemi. » Winston Churchill 
Pourquoi faire aujourd'hui ce qu'on jamait au lendemain. 

La concordance des temps ou la gageur des accords
(Projet pour un roman-photo-porno-graphique)

PROLOGUE

Elle. 
De dos, en contre jour, dans l'ombre d'une image, regarde sur le mur un damier d'images. Songeuse, non, elle s'interroge dit-elle, sur ces images. Ombres, figures en contre jour, apparemment masculines, à l'horizon d’un couché de soleil, sur fond de mer. Elle, aussi, une ombre sur ces images, voit une femme et me la montre dans le damier. Une photo de femme dans l'image, en gros plan. Elle, me montre, encore, une ombre dans cette image, devant la photo de femme, qui regarde la photo de femme. Je, lui demande, s'il ne se cacherait pas, de la même manière, d'autres hommes derrière tout homme.
Silence
Elle ne rêve pas. 
Elle ne songe pas. 
Elle se projette. Contre un mur. En contre jour. Elle, voit cette image d'une femme en contre jour devant une image d'une femme en gros plan, mais ne se voit pas, dans l'ombre des images. 

Flash back. 
Souvenirs en contrejour. 

Elle. 
Une autre femme, sans image, dans l'ombre d'une autre femme, dit un peu plus tôt de l'amour, croire en la rencontre, aux signes, aux mêmes instants avec un homme, aux désirs partagés. Elle, partage son désir avec une autre, femme, pour ce même homme, en cet instant. Elle, n'en est pas au premier homme, marié. Elle raconte, flash back, la différence. Il n'est pas le même. Il, diffère, la quittera lui. Elle, le sent. Son expérience, affirmée dans ce domaine conjugué, la porte à ne pas croire en la différance. 

Déja-vu. 
Le présent à contre-jour. 

Lui. 
Est rassembleur. Lui, vit dans une autre ombre. 
Rassembleur parce qu'à l'inverse, et avec un réel amour des femmes, lui, multiplie les conquêtes, simultanées ou consécutives. Rassembleur parce qu'à travers lui, lui, tente de les réunir. Rassembleur, parce qu'à travers elles, toutes, lui, trouve la femme, unique. Elle, se trouve dans la multitude fragmentée, monstre recomposé de ses fantasmes, indéfinie. Il vit, seul, dans le désert d'une image fictive, dans une succession d'échecs, ceux, qu'il connaît et reproduit par anticipation, dans le passé, en négatif, dans son ombre, la sienne, propre. 

Moirage.
En contre-point, se trame sur les écrans de vies partagées, le croisement impossible d'êtres sans image. 

Elle. 
Cette autre femme est autre en constance. Non seulement au travers des hommes convoités, elle, peut être par accident, se pare aussi de lapsus. En cet instant, à pois blancs sur fond bleu nuit, à bretelles, cintrée, jambes nues au dessous du genoux, comme cette autre première sur fond d'images, femme à pois, qu'elle accompagne. Elle, se pose en caméléon à fleur de l'hôte. Elle, aspire l'autre, en parasite affectif. Elle, aspire à la consistance et la prestance lui faisant défaut. Elle, brouille le regard, flirt avec la surface de l'autre et se moire dans ses reflets de pacotille. 

Car plus tard... (retour au présent)

Elle. 
Cette autre femme qui est autre en constance. Non seulement au travers des hommes convoités, elle, peut être par accident, se pare aussi de lapsus. D'un geste malencontreux, accidentel, elle, s'en alla, sans laisser de trace, si ce n'est celle d'une histoire, à l'instar d'écrivains dont elle, voudrait faire partie. Elle, attends l'éditeur de ses écrits, comme peut être, elle, se conte un sauveur. Et d'un geste, inconsidéré, malencontreux, accidentel, elle, s'en alla, sans laisser de trace, si ce n'est celle d'un vide. Un soulier de femme serti de paillettes, à usage de travestissement, volé. 

La cleptomane de vanités se voit dépourvue, non pas de soulier ni d'amours fantasmées, mais de féérie. Elle, s'habille de parures d'écrivains, à se conter des histoires, dont le contenu importerait peu ici. Un intérêt pour l'écriture, la fiction, dont l'analyse est inutile, ici. Sans image.

Réussir un mauvais calcul, contre l'exemple (à ne pas suivre)

L'on ressent toujours intimement dans l'ironie, cette petite chose qui semble nous échapper pour parfaire l'échec. 
Un bon cynique saura la magnifier pour s'en sortir glorieux. 

En fin stratège, illustrant avec distinction l'écart qui sépare la théorie de la pratique, Schopenhauer aura finalement réussi à convaincre un lectorat, pour gagner une petite notoriété arrachée in extremis, 7 ans avant de mourir à l'âge de 72 ans. 

En campagne, ou la contrée des opposition muettes

_Dimanche 15 novembre 2015 _fin de matinée _Paris 20 _bus 26. Deux jours après les attentats qui ont fait à ce jour 130 morts à Paris. Une femme, la cinquantaine, foulard coloré à dominante bleu, imperméable beige clair assorti à ses cheveux mi-longs, salue la passagère du bus assise à ma gauche en lui souhaitant une belle journée. Je relève la tête de ma lecture. Elle se tourne vers moi, me tend aussi la main, me souhaite une belle journée. Je souri, surpris, et lui renvoie la pareille qu'elle entend à peine s'en étant déjà retournée vers d'autres passagers, plus loin, apparemment pressée d'en finir avec un devoir qui semble lui peser. Ainsi poursuit-elle sa campagne, tel un politique ou une artiste en quête de sourires à comptabiliser, jusqu'au fond du bus où elle finit seule, parmi d'autres usagers, à attendre son arrêt, fondue dans la masse, anonyme. A cet instant même, pas plus de 2 mn après notre poignée de mains, un homme, dont je ne sais s'il fut lui aussi convié à cette belle journée, semble tout autant investi d'une mission. Sa voix retenti dans mon dos, à l'avant du bus, pour qualifier nos dirigeants de fils de putes et de poursuivre en agressant verbalement une femme que je ne vois pas, noire et âgée selon ses dires, sous prétexte qu'elle soupirait en l'entendant parler. L'âge avancé de la dame, semblable à celui de la mère de l'orateur, selon ses dires, la sauverait d'une correction qu'il lui aurait bien infligé. Personne ne réagit. Ca me démange. Je sens l'adrénaline monter. J'imagine ne pas être le seul. Mon arrêt approche. Je me lève plus tôt que prévu. Je me place dans le dos de cet homme. Je prends des repères visuels, d'hommes qui pourraient me venir éventuellement en aide le cas échéant. Le bus s'arrête à ma station. Je lui demande pardon car il bloque la sortie. Sans se retourner il s'adresse à moi très cordialement, me priant de l'excuser, et se pousse pour me céder le passage. Je sors. 

Tous ces mots et intentions contrastés se nourrissent des relents d'une gueule de bois persistante. 

De l'obsolescence programmée comme principe vital, à la révolution assassine comme vœu d'éternité 

"Au cours de la schizophrénie, il y a l’apparition, parfois, d’un délire, celui de la « machine à influencer ». C’est-à-dire la conviction délirante chez le patient que ce qui se passe dans son corps (sensations, éruptions, douleurs, érections…) est « fabriqué » par une machine que manipulent des persécuteurs pour le faire souffrir."

Synopsis : Il circule dans l'air un sentiment de méfiance de type paranoïde. L'atmosphère se charge d'une terreur qui contamine la population par inhalation, vouant l'humanité à son autodestruction programmée dans une spirale de folies grandissantes. 

La population est en état de crise. Son incivilité et sa folie ordinaire, ses multiples phobies quant aux différences, physiques, politiques, culturelles, cultuelles... caractérisées par une indifférence à la misère de l'autre, conduisent les pouvoirs publics à canaliser l'esprit de révolte naissant. Des messages éducatifs à usage de la population sur les comportements à adopter selon les lieux et les situations s'infiltrent insidieusement dans l'espace public : ne pas fumer, se tenir à droite, céder le passage, tenir la main courante, éteindre son téléphone portable, valider son titre de transport, signaler tout objet abandonné, vous êtes susceptible d'être contrôlé et fouillé à tout moment... Depuis le fichage via la naissance de la carte d'identité nationale qui, selon Agamben, seraient destinés à déresponsabiliser l'individu en société et, par voie de conséquences, à le désinvestir de toute politique locale, les gouvernements poursuivent leur programme via un projet éducatif infantilisant qui permettrait d'instaurer un cadre sécuritaire de type totalitaire destiné à contrôler les masses. Ainsi, à la voix du peuple se substituerait une grande machinerie oppressive dont les rouages volontairement trop compliqués se justifient d'une science élitiste de la globalisation. 

Si tout comportement infantile se caractérise par le rejet des règles et de l'autorité, nous serions en mesure de penser que le monde ne devient pas fou. Il ne manquerait pas non plus d'éducation, même si plus encore le conduirait à s'émancipé de ce pouvoir plutôt qu'à se révolter. 
Lorsque le peuple souffre, il réagit et se retourne contre ses maitres, par instinct de survie,
comme une bête acculée...

"Chacun sa folie : la mienne fut de me croire normal, dangereusement normal. Et comme les autres me paraissaient fous, j'ai fini par avoir peur, peur d'eux et, plus encore, peur de moi-même. "

En bon humaniste Cioran à souvent su dire haut et fort nos croyances les plus intimes, communes à tous. 

Cayenne.

Porsche blanche, immaculée, vitres teintées à l'arrière et sur les cotés, contraste.
Jantes SportEdition 21 pouces peintes, avec élargisseurs d'ailes. Fenêtre conducteur ouverte, manque d'air ?… non. Intérieur invisible d'où je suis, légèrement en retrait, trottoir opposé. Feu rouge passe au vert, deux voitures devant, déjà parties. File d'attente, derrière. Bras au dehors. Manque d'air ? non. Teint halé, fin de l'été, origine nord africaine, t-shirt blanc, contraste. 
Tête au dehors, cheveux coupés courts, pas rasé, barbe de trois jours, propre, bien taillée. Entre 20 et 30 ans. Bien taillé. 300 chevaux, à 6 300 tours minutes, 0-100 km/h en 7,5 secondes, vitesse maximale 230 km/h etc, prix de départ 60794 TTC. Belle adéquation en contraste. 
Les mains épluches un Kinder Bueno White, par la fenêtre, incliné sur le coté, un œil sur le feu, toujours vert, à moins que ce ne soit sur le rétroviseur, viser, bien visser. Les conducteurs attendent, à l'arrière. Autre œil sur l'emballage, ouverture facile, deuxième emballage, transparent, tire la languette plastifiée, dégoupille la barre Kinder Bueno White, cœur fondant aux noisettes et au lait, chocolat blanc, pépites de cacao, contraste. 
Blanc. Bien propre, bien taillé, en contraste. 
Douceur de fin d'été, peu de circulation, petite file d'attente au feu vert rue de Bagnolet Paris France, il fait doux, légère brise, sans précipitation, quelques goutes en terrasse du café 20 minutes auparavant, si peu, ça ne compte pas, sol resté sec, il fait bon. Lâché du papier plastique transparent ouvert en deux, poussé par le léger souffle chaud, retombe lentement. Deux carrés Kinder Bueno White dans la bouche, la voiture démarre, sans précipitation. Personne ne klaxonne. Effet de l'été, détendu. Le papier prend son envole avant de toucher le sol sous l'accélération de la Porsche Cayenne chocolat blanc, immaculée.
Contrastes.

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